Paprika _ Chronique d'une femme enceinte

Le gros avantage de ce début de grossesse, c'est de commencer à pencher plus du côté d'Angelina Jolie que de celui de Jane Birkin, question roploplo. C'est plus joli comme ça. En même temps, on s'aperçoit que c'est un peu contraignant ; changer de soutien-gorge, crémer, ne pas courir trop vite et éviter de se prendre le coude de la petite en plein milieu. Ca fait mal.

Du coup, je suis ravie que ça ne dure pas trop. J'ai les avantages pendant quelques temps, et les inconvénients ne durent pas beaucoup eux non plus.

Encore une semaine avant l'échographie de datation de grossesse (comme si je ne savais pas quand je suis tombée enceinte). J'imagine que je m'autoriserai à me projeter à ce moment là. Pour l'instant, je me limite un peu. Histoire de limiter la désillusion au cas où.

Mademoiselle2003 a aussi un bébé dans son ventre. Le sien a été rose, il est grisâtre, machouillé de partout et ne sent pas très bon. Mais elle l'aime. Il s'appelle doudou ou bagheera.

Monsieur2001 veut un petit frère. Enfin, il s'en fiche un peu. Il est content, mais c'est complètement abstrait pour lui. Veinard !

Voilà. Après une semaine en vacances à la neige, on commence à s'habituer à l'idée. PapaChéri annonce à tout le monde que "en septembre, il y en aura un en plus", et MamanChérie a envie de vomir le matin. Et les seins comme des pastèques. Enfin, des pamplemousses - mais faut voir d'où on partait !

Y a plus qu'à attendre l'échographie. Je pense que j'y croirai vraiment quand j'aurais vu le petit haricot avec un coeur qui bat. Et puis quand je commencerais à sentir des coups de pieds. Pour Chérie2003, j'ai commencé à sentir quelque chose à 2 mois, deux mois et demi. Le gynéco dit que ce n'est pas possible. Mais comme c'est un garçon, je ne suis pas certaine de pouvoir lui faire confiance sur ce coup là.

Aujourd'hui, j'ai mal à la tête. Pas le droit de prendre d'aspirine, ni d'ibuprofène. Il faut reprendre les vieilles habitudes de femme enceinte, à ne pas se soigner vraiment et à réfléchir avant d'avaler quoique ce soit. Bien laver la salade. Plus de fruits de mer, de foie gras, de saumon fumé, de salade dans les restaus. Youpi. De toutes façons, je m'en fiche, j'ai envie de vomir.

"Vous êtes enceinte alors !"

J'ai regardé d'un oeil torve la (nouvelle) gynéco qui se permettait de proférer de telles imbécilités. Comme si, avec les précautions prises et ma bonne coannissance du fonctionnement et des règles de la fécondation. Enfin bon, laissons la parler.  Le but, c'est qu'elle me prescrive un stérilet et qu'elle me le pose fissa.

Il faut que j'aille me faire faire une prise de sang ? C'est ça, cause toujours. Avec dosage du cholestérol, et tout et tout. Bon, j'irai jeudi.

Quand même, en sortant, comme il y a une pharmacie juste en face de la voiture, je vais acheter un test. Histoire de me rassurer.

Je suis rentrée à la maison prendre la relève de mon cher et tendre qui gardait les deux moustiques malades en lui racontant les imbécilités de cette gynéco tordue. Il rigole. Il me dit : comment veux-tu être enceinte ? On ne fait pratiquement pas de calin depuis deux mois !

Il a raison, bien sûr.

Du coup, j'oublie le test.

Je l'exhume deux heures après, je me dis je vais le faire pour me rassurer et dissiper tout malentendu.

Pipi sur le stylo, c'est toujours très drôle d'essayer de ne pas s'en mettre partout.

Dans la première fenêtre, le petit trat apparait. Un trait, c'est normal, c'est le trait de contrôle. Bon. Je vois la deuxième fenêtre qui est mouillée, rien. Super. Je pose le test sur l'espèce de rebord carrelé derrière les toilettes. Je le reprend pour le jeter à la poubelle.

HORREUR

Il y a un deuxième trait.

Mon Dieu, mazette, merde de merde de merde de merde de merde, qu'est-ce que c'est que cette blague pas drôle ?

Je suis effondrée. J'ai envie de m'effondrer en larmes au téléphone.

Ben là, c'est pas possible. Y a les deux moustiques qui veulent regarder Bob le bricoleur, et puis mon chéri est en réunion difficile. Va falloir tenir.

Heureusement, armelle et catherine sont connectées. J'ai les larmes aux yeux quand je dis à armelle que je suis enceinte. J'ai pas voulu ça. Deux, c'était bien. Trois, j'avais dit non, pas avant deux trois ans. Que j'apprenne à m'en sortir avec les deux autres.

Et puis, petit à petit, l'idée a fait son chemin. On est une famille. C'est le sens de la vie. On s'aime. Tout va aller très bien. Les enfants seront ravis.

Et puis, en fait, nous aussi